Photographier la guerre de 14/18 en 2016 !

Photographier la guerre de 14/18 en 2016 !

Quand Serge Renger m’a proposé de participer à une expo sur la guerre de 14-18 organisée par l’association du Killiansthollen, j’avais des doutes !

Tout d’abord que pouvais-je leur apporter sur un plan photographique qui n’ai déjà été réalisé? En effet, que montrer sur ce thème qui ne l’a déjà été? 14-18 c’est la grande guerre! Photographier des évènements appartenant au passé vous cantonne à saisir les témoignages, à rechercher des traces physiques, à comprendre par le biais des écrits et des images, l’Histoire. C’est appréhender les grandes douleurs, les traumatismes profonds, la gravité des images d’un noir et blanc chargé d’une dramaturgie morbide.

Ensuite, j’ai douté sur ma capacité à me replonger une fois encore dans le thème de la guerre (ma dernière expo intitulée « regard sur ma jeunesse » avait pour modèle des anciens combattants), en avais-je encore « envie » ?

Mais depuis, les événements tragiques comme les attentats de Charlie hebdo, et plus récemment du Bataclan, puis la vague de fraternité et le besoin vital de sérénité qui ont suivis m’ont décidés à aborder ce projet avec un autre état d’esprit.

J’avais envie que ma photo participe, modestement, à montrer ces cicatrices qui marquent l’emplacement de la dernière demeure de ces soldats morts pour une liberté menacée aujourd’hui encore, mais d’un regard doux et apaisé.

« Mémoire automnale » une scénographie en diptyque constituée de photos des cimetières militaires Français et Allemand symbolisant la fraternité est devenue ainsi une évidence. La similarité de la topographique, la connotation de la période et ses couleurs automnales, ainsi que la géométrie ont opérées afin de parfaire l’équilibre délicat de ce parallèle.

Daniel HILBOLD

Obsession quand tu nous tiens …

Obsession quand tu nous tiens …

Nous vieillissons et au-delà de cette certitude et de son constat au quotidien, nous avons été un jeune homme, un enfant, un bébé. Lorsque je rencontre quelqu’un d’un âge certain, programmé par l’inné et façonné par l’acquis, j’essaye de sentir la cohérence de la jeunesse avec ses désirs fous, son innocence, sa crédulité et la personnalité qui est devant moi.

Comme souvent un questionnement se traduit par une envie de photographier !

« Nous étions jeunes » c’est un regard vers sa jeunesse. Ce regard « devenu » perd quelque chose, de la gravité, de la déception, du pouvoir, de la sagesse, de l’insensibilité ou le contraire que sais-je ?

J’ai choisi des vétérans dans tous les sens du terme, des anciens combattants. La guerre dans la jeunesse accentue encore ce décalage entre les rêves de jeunesse , les espoirs, les certitudes et ce qu’ils en adviennent après ….!

Ils regardent un miroir pour se voir telles qu’ils étaient, ce miroir ne montre que leur photo de jeunesse et c’est ce regard que je photographie.

Daniel HILBOLD

Quel portraitriste es-tu ?

Avant de réaliser les « Rencontres photographiés », je n’étais pas encore en mesure de répondre à cette question. Bien sûr, la littérature photographique, les différentes techniques et les innombrables portraits témoignent de la très grande diversité de cette pratique qui a influencé mes intentions photographiques. Parmi les nombreuses citations l’une d’elles me correspond particulièrement, celle de Patrick SWIRC« Ce n’est pas le décor qui fait la valeur d’un portrait. Ni la technique, ni la lumière. Ce sont les deux personnes face à face qui font l’image. Il faut qu’il se passe quelque chose, que l’on sente bien, ou mal, qu’importe. Mais il faut qu’il y ait des sentiments de part et d’autre ».

Je me suis révélé et les sentiments chers à Patrick SWIRC se sont libéré faciliter par la pratique d’un « studio instantané » utilisé lors des « Rencontres photographiés »

C’est un échange, une discussion ouverte les différents états viennent naturellement, la joie, la réflexion, la tristesse, un peu comme quand on discute avec un ami, on lui parle de ce qui nous fait plaisir, de nos peines et on refait le monde ! Pendant quelques heures je prends une quarantaine de photos environ et ne donne aucune directive bien au contraire ! Le sujet, assis sur une chaise avec pour tout artifice un fond blanc, bouge et s’exprime. Ce n’est pas un portrait « posé » mais un instantané studio ! Sa réussite est indexée sur ma capacité à être dans l’empathie et quelquefois … il m’arrive d’oublier de déclencher !

Je n’ai pas de méthode pour aborder une rencontre et pour saisir les émotions recherchées. Je m’efforce d’être moi-même, d’être simple, sincère et à l’écoute. J’ai évité la psychologie de comptoir en restant à ma place, celle d’un photographe à l’écoute et qui respecte un échange profitable aux deux parties.

J’ai écouté, écouté en essayant de rester humble, en ne coupant pas les phrases, en ne prenant pas les passerelles permettant de rapporter l’échange sur soi, ici ou ailleurs, on n’écoute jamais assez, jamais assez !

Ces rencontres riches «de ce qui ne s’achète pas» m’ont secoué. Des flashs de lucidité et des claques m’ont ouvert plus encore les yeux. Je n’en suis pas pour autant plus lucide dans ma vie, mais j’ai le sentiment d’être juste un peu moins con et c’est bon signe.

J’assume leur confiance et leurs confidences par respect, par engagement et par amitié.

Daniel HILBOLD

Après quoi cours-tu ?

Petit préambule : « sur le papier » associer deux passions, c’est plus de plaisirs, un pied total, une évidence. Pas sûr ! Pour ce faire, l’assemblage de la maîtrise et de l’expertise des deux domaines ne doit pas être la finalité !

Tu cours après quoi ? Cette question me taraude encore et les tentatives de réponses sont aussi multiples qu’incomplètes. Le sujet n’est pas nouveau et a déjà été traité sous forme d’articles dans les magazines spécialisés. Faites votre choix :

  • une quête pour satisfaire un besoin d’estime de soi,
  • l’évasion,
  • le ressourcement,
  • le yin et de yang,
  • un jusque boutisme de la gestion des capacités physiques autant que mentales,
  • des pathologies à fuir,
  • de la défonce endorphinique…

Avant de choisir lisez plutôt,

  • Le Flow : Selon Csíkszentmihályi, c’est un état totalement centré sur la motivation. C’est une immersion totale, qui représente l’expérience suprême, en employant les émotions au service de la performance et de l’apprentissage. Dans le flow, les émotions ne sont pas seulement contenues et canalisées, mais en plus positives, stimulantes, et en coordination avec la tâche accomplie. Le trait distinctif du flow est un sentiment de joie spontané, voire d’extase pendant une activité.
  • L’état optimal comme le disait Scott Jurek : « Quand nos habitudes deviennent des lassitudes que le temps nous échappe progressivement, courir en pleine nature, c’est se reconnecter à la matérialité du temps, c’est reprendre un peu le contrôle. D’une certaine façon on vient chercher son instinct …………….. moi je cherche l’accès à mon âme et à mon esprit de cette façon ».
  • Nous sommes équipés pour courir donc né pour courir « Born tu run » de Christopher McDougall, notre survivance nous la devons à la pratique de la chasse dite de « l’épuisement ».

« L’infernal portrait 200 » rend hommage aux hommes pratiquants dans le flow, une activité qui est sans aucun doute à l’origine de la survie et du développement de notre espèce.

Je cours donc je survis !

Daniel HILBOLD